Les bibliothécaires sont par définition des spécialistes de la gestion et de la recherche d'information. Ils me semblent qu'ils ont tout intérêt à continuer à développer ces compétences, en ayant constamment à l'esprit qu'il leur appartient de transmettre au public, qui est de plus en plus amené à utiliser par lui-même des outils complexes de recherche d'information, des connaissances utiles et adaptées à ses besoins sur les moyens qui sont à sa disposition pour trouver et gérer de l'information.
Veiller (être au courant des sources d'information disponibles et des outils de gestion), évaluer, sélectionner et proposer des solutions adaptées, c'est notre rôle à tous, qu'on soit en BU avec en face de nous un étudiant qui débute une thèse ou en médiathèque de lecture publique avec un particulier qui veut se lancer dans la généalogie.
Le problème, une fois que la démarche de veille et de sélection a été faite, c'est de trouver l'occasion de transmettre nos connaissances aux usagers. Le renseignement documentaire sur place (pour les usagers qui visitent encore la bibliothèque) et les sessions de formation aux outils de la recherche documentaire nous fournissent actuellement les moments les plus propices pour le faire, mais nous devons réfléchir pour trouver le moyen de multiplier ce genre d'occasions, notamment, par exemple, pour toucher les enseignants, un public cible avec lequel nous avons actuellement trop peu de contacts.
Les informations à faire passer peuvent être très simples, de l'ordre du truc ou de l'astuce (Une des erreurs à éviter, il me semble, consiste à vouloir à tout prix faire des usagers des spécialistes de la gestion de l'information même s'ils n'ont pas ce besoin et ne l'expriment pas). Mais si elles sont utiles et permettent de gagner en temps et en efficacité, il ne faut rater aucune occasion de les transmettre.
Un bon exemple il me semble est celui des filtres personnalisés PubMed/Medline.
Quand je suis arrivé il y a presque 18 mois dans une bibliothèque de médecine, je ne connaissais absolument pas cette base de données bibliographiques développée par la Bibliothèque Nationale de Médecine Américaine (NLM), qui fait référence dans le domaine de la santé depuis des décennies.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'interface PubMed, proposé en accès libre pour consulter la base Medline, s'il est très puissant et comporte un grand nombre de fonctionnalités poussées, ne s'aborde pas facilement de manière intuitive. Il est en anglais, pour commencer, ce qui n'est pas un problème pour moi mais peut en être un pour une grande partie de nos usagers. Et puis, il est assez différent des interfaces auxquels on peut être habitué : dans les premières semaines, alors que j'essayais de renseigner un lecteur, j'ai vainement cherché pendant quelques secondes le lien qui mène vers la Recherche avancée. Sans le lecteur qui est venu aimablement à mon secours, je chercherais encore, car il n'y en a tout bonnement pas : c'est l'onglet Limits qui permet d'accéder aux fonctionnalités qu'on associe généralement à une recherche avancée.
Après quelques semaines, grâce à l'aide de mes collègues et de guides disponibles en ligne, grâce aussi à l'outil de terminologie du CISMEF, j'étais en mesure de renseigner le public avec un minimum d'efficacité.
Un des problèmes auquel on est confronté lors d'une première approche de PubMed, c'est le nombre impressionnant de réponses à une requête, qui se comptent le plus souvent en dizaines de milliers.
A la base, l'interface de PubMed présente ces réponses presque en vrac : un onglet All, et un onglet Review pour les articles de synthèse.
Une demie-journée de formation sur la comparaison PubMed/Google Scholar m'a appris qu'on pouvait se créer gratuitement un compte MyNCBI et personnaliser son interface en choisissant jusqu'à 4 filtres personnalisés qui affichent les résultats de recherche dans des onglets à la suite de All. Très bien. J'avais donc désormais mes résultats de recherche répartis dans 5 casiers et non plus 2 : Toutes les réponses, Les articles de synthèse, Les articles écrits en français, Les notices comportant un résumé, Les articles disponibles gratuitement en texte intégral (pas mal !) et, last but not least, Les articles accessibles en texte intégral grâce aux abonnements de notre université ! (Ce dernier onglet ayant pu être activé utilement parce que nos collègues avaient préalablement renseigné la liste des bouquets auxquels nous sommes abonnés en utilisant le service Linkout de la NLM).
Peu de temps après, les collègues du SCD de Lille 2 m'ont appris qu'il était possible de paramétrer cette fonctionnalité dans le profil de la bibliothèque elle-même. Ce qui signifie que tous ceux qui cliquent sur le lien vers PubMed que nous fournissons sur notre site bénéficient, sans même avoir besoin de savoir que la fonctionnalité existe et sans avoir besoin de s'inscrire, des filtres personnalisés de PubMed que nous avons paramétrés.
Inutile de dire qu'il ne faut pas longtemps à un thésard pour comprendre tout ce qu'il gagne en facilité de consultation, notamment pour accéder aux articles en ligne, et en temps en utilisant ce lien.
C'est donc à nous tous, en interne, à être bien informés de cette fonctionnalité et à saisir chacune des occasions qui nous est donnée de faire passer l'information.
Dans le même ordre d'idée, le Blogue CISMEF a cité tout récemment la possiblité d'ajouter des citations aux listes de références de PubMed, grâce à un script qui récupère des informations de Google Scholar. Dans ce cas, la fonctionnalité n'est pas proposée par l'éditeur de la base de données mais par les développeurs de logiciels libres qui programment des extensions de Firefox, et elle nécessite une installation sur le navigateur de l'usager. Expliquer son installation et son utilisation demande également un peu plus de temps mais on voit bien que ce temps ne sera pas perdu si on donne cette explication à un chercheur ou à un étudiant de troisième cycle.
Inutile de dire qu'il ne faut pas longtemps à un thésard pour comprendre tout ce qu'il gagne en facilité de consultation, notamment pour accéder aux articles en ligne, et en temps en utilisant ce lien.
C'est donc à nous tous, en interne, à être bien informés de cette fonctionnalité et à saisir chacune des occasions qui nous est donnée de faire passer l'information.
Dans le même ordre d'idée, le Blogue CISMEF a cité tout récemment la possiblité d'ajouter des citations aux listes de références de PubMed, grâce à un script qui récupère des informations de Google Scholar. Dans ce cas, la fonctionnalité n'est pas proposée par l'éditeur de la base de données mais par les développeurs de logiciels libres qui programment des extensions de Firefox, et elle nécessite une installation sur le navigateur de l'usager. Expliquer son installation et son utilisation demande également un peu plus de temps mais on voit bien que ce temps ne sera pas perdu si on donne cette explication à un chercheur ou à un étudiant de troisième cycle.
5 commentaires:
"Les bibliothécaires sont par définition des spécialistes de la gestion et de la recherche d'information"
Ce qui me gêne là-dedans, c'est:
* d'une part qu'on oublie souvent de mentionner que dans les faits c'est rarement le cas et la réalité est que si nous sommes "par définition" des spécialistes nous sommes "en réalité", trop souvent, des amateurs. Combien de fois n'avons-nous vu des collègues complétement perdus devant une base de données bibliographique?
* d'autre part que c'est une position bien trop passive à l'égard de l'information. On prend l'information, on la transmet aux publics. Or le bibliothécaire devrait être au moins à part égal un "producteur" d'information, à mon avis.
C'est souvent le problème des sites web de BU, par exemple: leur contenu est faible, parce que les bibliothécaires ne produisent pas grand chose (bibliographies, didacticiels, aides, analyses, données statistiques, etc.)
Nicolas,
Je suis plutôt d'accord avec toi.
Disons qu'il faudrait que je fasse attention à ne pas trop généraliser mes propos pour faire passer les messages.
J'aurais peut-être plutôt dû écrire : "Les bibliothécaires devraient être, entre autres, des spécialistes de la gestion et de la recherche d'information".
Pour ce qui est de la production d'outils d'information du type de ceux que tu mentionnes, dans mon esprit ça fait partie des activités de médiation, au même titre que celles que je citais (renseignement, formation).
En fait j'aurais dû moi-même être plus précis: il y a dans la création de contenus une part de médiation, mais aussi une part de création pure et simple. Par exemple quand il s'agit de mettre en ligne la production de l'université, mais aussi, à l'avenir et en particulier en médecine, toute la problématique de la e-science: gérer les données brutes de la recherche. C'est de la gestion de contenus, de la médiation, mais aussi de la production de contenus.
Concernant PubMed, plusieurs bibliothèques ont déjà mis leur support en ligne. On peut en trouver plusieurs en cherchant "PubMed" dans CISMeF.
Une "formation sur la comparaison PubMed/Google Scholar" ? Je suis curieux, qui propose cette demi-journée ?
Gaétan,
La formation était assurée par Jacques Reibel de l'URFIST Strasbourg, en deux parties, comparaison Google Scholar/PubMed et comparaison Google Scholar/Scopus.
Je ne sais pas si c'était ponctuel ou si cette formation est programmée régulièrement...
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