J'ai l'impression que l'annonce par l'ABES du lancement du nouveau service Sudoc Local a suscité peu de réactions.
Pour ma part, c'est une annonce que j'attendais depuis plus de deux ans, c'est à dire depuis le lancement de Worldcat Local et l'annonce du renforcement des coopérations entre l'ABES et l'OCLC.
Qu'est-ce que j'espérais ? Et bien, comme je l'expliquais à l'époque, j'espérais qu'il serait bientôt possible de bénéficier pleinement de l'apport d'un catalogue collectif sans avoir à importer les notices pour alimenter et entretenir un catalogue local avec toutes ses complexités de liens entre les notices, d'index ou d'autorités. Pour cela, on a besoin :
- de pouvoir interroger ses collections au sein du gros ensemble qu'est le catalogue collectif
- et puis de faire le lien localement entre ces notices, ses propres exemplaires et son fichier de lecteurs pour la circulation.
Le Sudoc local peut-il être interconnecté avec les SIGB ?
Non, comme le catalogue générique Sudoc, le Sudoc local n’est pas connecté avec les SIGB. Il ne donne donc pas d’information sur la disponibilité des références signalées.
C'est décevant, très décevant, d'autant plus que Worldcat Local, service sur lequel on aurait pu penser que le Sudoc Local était modelé, aborde lui très différemment la question de l'interopérabilité :
With which ILSs does WorldCat Local and "quick start" work?
OCLC has completed integration of WorldCat Local with several integrated library systems, and continues to work on interoperability with other systems. WorldCat Local is currently active at libraries with the following systems...
Pour en savoir plus, j'ai pioché un exemple parmi ceux signalés par l'OCLC pour faire la publicité de son service, celui de la bibliothèque Kreitzberg de l'Université de Norwich aux Etats-Unis.
Et ça marche : avec leur Worldcat Local j'ai pu faire une recherche en bénéficiant des fonctionnalités de Worldcat et en étant informé de la localisation et de la disponibilité des exemplaires. Ça fonctionne parce que la bibliothèque alimente en parallèle son SIGB avec ces informations et que les deux programmes communiquent. Norwich propose d'ailleurs toujours un accès son "catalogue classique", mais l'idée serait bien de se débarrasser complètement de la gestion des notices bibliographiques en local et de ne conserver un SIGB, ou un logiciel équivalent plus léger, que pour gérer la circulation des documents et les relations avec les lecteurs.
Le SUDOC local a été développé et mis en production dans un établissement pilote, la bibliothèque Jacques Doucet. (consulter son catalogue).On comprend que les questions que j'évoque ici ont pu être écartées ou ignorées lors des phases de test lorsqu'on sait que la bibliothèque Jacques Doucet fait partie de cette catégorie particulière de bibliothèque de recherche dont les collections sont proposées uniquement à la consultation sur place, pas du tout au prêt ! Espérons que, dans une phase ultérieure du développement de ce produit, le cas de la grande majorité des bibliothèques concernées sera pris en compte !
6 commentaires:
Et bien voilà pourquoi le Sudoc Local n'a pas suscité de réactions : c'est inabouti et cela ne sert pas à grand-chose en l'état !
Très intéressant. Cela va dans le bon sens mais l'on voit bien que les anglais et américains s'en sortent toujours mieux !
Messieurs tirez les premiers ;-)
Il est évident que toutes les Bu cataloguent dans le Sudoc, donc le travail de signalement est fait. Il manque la possibilité de gérer les emprunts/retours en local pour se passer d'un SIGB. Au lieu de cela, l'ABES dit qu'elle ne veut pas investir cette partie ; résultat tout le monde passe un temps fou, dégage des moyens humains et financiers pour quoi faire ? eh bien pour intégrer les données du Sudoc dans un SIGB local, pour faire des CCTP pour choisir un SIGB, pour essayer de faire communiquer des SIG entre eux... Le grand "n'importe quoi" !
Le Sudoc local s'adrese aux Bibliothèques sans SIGB ou encore aux sites universitaires éclatés entre plusieurs SIGB. C'est une réponse simple et peu coûteuse (470 €/an) à un marché de niche.
Ce qui ne veut pas dire que l'ABES se déintéresse de l'interconnection avec les SIGB voire d'une solution de système local mutualisé. Ce sera sans doute un axe fort du projet d'établissement 2012-2015 de l'ABES si les BU manifestent ce besoin et leurs attentes vis à vis de l'Agence.
Voyez un des derniers Filabes (http://fil.abes.fr/2011/01/25/le-projet-detablissement-de-labes-2012-2015/) sur les modalités d'élaboration de ce PE et comment les BU pourront faire remonter leurs attentes.
R Bérard, directeur de l'ABES
M. Bérard,
Merci pour ces précisions.
Un marché de niche pour le SUDOC local, c'est un premier pas, comme je le disais.
Mon propos, comme le souligne Jean-Charles, c'est de pousser la logique de mutualisation du SUDOC pour réaliser des économies d'échelle importantes en local sur tous les travaux liés au catalogue.
Ce serait effectivement une bonne piste de travail pour l'ABES ces prochaines années...
Quelques précisions parce que je n'ai peut-être pas été complètement clair :
Bien que leurs intitulés soient voisins et même si je les associe dans mon propos, SUDOC LOCAL de l'ABES et WORLDCAT LOCAL de l'OCLC sont deux produits différents qui n'ont rien à voir entre eux.
L'illustration que j'ai choisie pointe vers un exemple d'utilisation de Worldcat Local, pas de SUDOC Local.
Mon propos, j'espère qu'on l'aura compris, était de dire que les fonctionnalités dont les BU françaises sont susceptibles d'avoir besoin à terme correspondent plus à celles proposées actuellement par Worldcat Local qu'à celle de la version actuelle de SUDOC Local...
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