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mardi 5 janvier 2010

Une bonne année 2010 ?


Je vous la souhaite bien évidemment bonne à tous, cette année 2010, mais si, égoïstement, je la regarde arriver du point de vue du budget de notre SCD, je sais d'ores et déjà qu'elle ne sera pas bonne, voire même catastrophique.
Certes, la situation financière de notre université n'est pas brillante, globalement. Dans sa lettre de cadrage budgétaire, notre président rappelle que les deux précédents budgets ont été équilibrés via le recours à un prélèvement sur fonds de réserve (1,5 M € en 2008 et 0,75 M€ en 2009), un procédé auquel l'université ne souhaite plus recourir, d'autant moins que, dans le cadre du passage aux compétences élargies, il est réservé à l'investissement .
Ce même document précise que "La dotation de fonctionnement du service de documentation sera reconduite." Reconduite, sans tenir compte de l'inflation, ce n'est pas si mal, certes, mais évidemment ce n'est pas aussi simple. Car la structure du budget du SCD a largement évolué, ainsi que le périmètre de son activité.
Ainsi, depuis 2009, les 90 000 € de compensation pour la dispense de paiement des droits de bibliothèque des étudiants boursiers ne sont plus reversés au SCD, ou ont été intégrés à sa DGF sans qu'elle soit augmentée, ce qui revient au même.
De même, la lettre de cadrage budgétaire précise que "Le transfert des bibliothèques décentralisées vers les bibliothèques universitaires sera poursuivi afin de réduire une partie du surcoût que la structuration actuelle engendre." Réduction des surcoûts au sens large pour l'université, certes, mais pour le SCD, cela signifie bien, indépendamment des économies d'échelle, la prise en charge de coûts suplémentaires à budget constant. Cela est particulièrement vrai pour le réseau des bibliothèques de l'IUFM, intégré budgétairement au SCD en 2009, pour lequel le budget transféré n'a évidemment pas pris en compte la nécessaire mise à niveau de l'offre documentaire et de services amorcée dès l'an dernier.
Donc, pour résumer, on n'a pas plus d'argent pour faire plus de choses. Et si on s'intéresse à notre budget documentaire, qu'est-ce que ça donne ?
Et bien, sur un total de 1,3 M€ (J'arrondis tous ces chiffres), on a deux grosses masses financières qui augmentent mécaniquement car il s'agit d'abonnements :
  • Les périodiques imprimés (0,57 M€) qui repartent à la hausse (+ 3%) après une légère baisse en 2009 due à une vigoureuse campagne de désabonnements.
  • La documentation électronique (bases de données et périodiques : 0,54 M€) dont le coût fait un bond vertigineux de +34 %, malgré des décisions de désabonnements prises en 2009 et pour 2010.
    A ce sujet, l'attitude du secteur Recherche de l'université, représenté par son conseil scientifique, est édifiante. Alors qu'il contribuait jusqu'en 2007 pour un montant de 30 000 € au coût de la documentation électronique, il n'a pas versé cette somme en 2008 et a prétendu en 2009 qu'elle avait été intégrée à la subvention versée au SCD au titre du Plan Licence (prévu pour acquérir de la documentation de premier cycle !?!). Ce qui ne dispense évidemment pas bien sûr les enseignants-chercheurs qui en subissent les conséquences de se plaindre amèrement du moindre désabonnement à une ressource électronique.
Si vous avez bien suivi, vous aurez compris qu'il reste moins de 0,2 M€ (190 000 € en fait) pour ce qui, en ces temps de disette, constitue une malheureuse variable d'ajustement, les crédits pour l'achat de monographies.
Concrètement, pour notre section Droit-Lettres-Sciences Eco, les crédits inscrits au budget primitif pour l'achat de monographies se voient réduits de presque 50%, passant de 200 000 à 100 000 €. Les financements divers sollicités et obtenus en 2009 avaient porté ce budget à 250 000 €. Même si nos efforts pour sont redoublés en ce sens en 2010, il parait impossible de pallier cette baisse conséquente.
Pour ma part, je n'ai pas un lien affectif particulier avec les crédits de l'établissement qui m'emploie ni avec les collections qu'ils permettent d'acquérir. Ce qui me pose problème, ce sont les conséquences que les choix budgétaires qui ont été faits vont avoir sur la qualité du service fourni aux étudiants et leur contexte de travail.

Qu'on se comprenne bien. Si l'université a une double mission, de recherche et de formation, je considère que celle de formation initiale ou continue est primordiale. Or, voilà une université pluridisciplinaire, dont l'activité principale est la formation initiale en premier cycle universitaire, qui connait un fort taux d'échec ou d'abandon de ses étudiants, et qui fait des choix budgétaires tels qu'ils nient la volonté affichée encore récemment de faire des bibliothèques universitaires les partenaires de la réussite étudiante. Pour notre campus, l'évolution du budget des monographies correspond à une baisse de 12 € par étudiant !

Etant donné que l'exécutif de l'université ne semble ni entendre ni comprendre les arguments de ses bibliothécaires, il ne nous reste à espérer qu'une chose : que les étudiants se rendent compte assez tôt en cette année 2010 que le budget tel qu'il a été voté implique une réduction de moitié du nombre de nouveaux manuels et autres documents de référence, comme les codes juridiques, et qu'ils interviennent à temps pour redresser la barre lors d'une prochaine décision budgétaire modificative. A nous de les alerter...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Très bon article !

A lire avec le plan de développement des collections du SCD pour 2009-2010 pour rire jaune...

Père Duchesne

JC Brochard a dit…

Pour ceux que ça intéresse, ce plan de développement des collections se trouve ici.
J'aillais dire qu'avec un budget pareil il était par définition obsolète, ce qui est sûrement en grande partie vrai, mais pas pour l'avant-propos intitulé "Chronique d’un déclin annoncé", qui précise : "Equilibré et équilibriste, le plan de développement des collections de ces deux années 2009 et 2010 est désormais le reflet d’un arbitrage de plus en plus contraint. Mettre en oeuvre une stratégie pluriannuelle relève d’un exercice intenable. La stabilité des budgets documentaires de ces dernières années dit crûment que nous ne possédons plus aujourd’hui les moyens de nos ambitions. Nous sommes désormais dans une logique de désabonnement et de restriction."

Raphaele a dit…

Même constat dans notre établissement, malheureusement.

Guillaume R. a dit…

Franchement c'est partout pareil. Moi même je suis bibliothécaire dans une médiathèque, et je peux te dire que c'est pas joli-joli...

Entre les baisses sèches du budget de tous les services (-2% quand même), le rattachement de toutes les charges à l'exercice budgétaire (ça veut dire que l'on va payer le chauffage, l'électricité etc...avec quels sous ça...rien que ces deux dépenses se montent à 60000€), les réformes anxiogènes (qu'elles soient passées comme la TP ou à venir comme celle des compétences).

Se greffent là-dessus des problèmes de personnel (on ne remplace plus les départs à la retraite mais aussi les contractuels en fin de contrat etc...)

Oui, l'année s'annonce difficile...